Pour se mettre dans l’ambiance, le jury de dégustation, emmené par le vigneron Gerry Calders de Domein Petrushoeve où se déroulait la table de dégustation, a d’abord visité le vignoble et les salles de vinification, au cours desquelles Gerry a répondu avec enthousiasme à toutes les questions posées sur la gestion du vignoble, le choix des cépages, la taille, le délestage, l’influence du bois, … Puis le vrai travail a commencé. En l’espace de quelques années, Stefaan Soenen a rassemblé plus de 35 vins belges issus de raisins interspécifiques provenant de 18 domaines différents. Cet effort mérite à lui seul d’être salué. Pendant la dégustation, le vigneron Gerry Calders a également fourni régulièrement un vin supplémentaire de son domaine qui pouvait être placé à côté d’un vin de la sélection à des fins de comparaison, de sorte qu’à la fin de la journée, nous étions encore en présence d’une quarantaine de vins.
Dans le cadre de cet article, il n’est pas souhaitable d’inclure des notes de dégustation sur tous les vins, mais je parlerai de ceux qui se sont distingués pour moi par type (blanc, rosé, rouge et pétillant) et j’y associerai également quelques commentaires généraux par type.
Pour moi, un verre de blanc s’il vous plaît, ou non, faites-moi un rosé.
Le matin, c’était au tour des vins blancs. Les deux premiers vins de la journée étaient des monocépages de solaris, respectivement Chapitre Solaris 2020 et Solaris Dalaheim Castellum 2022. L’une des caractéristiques typiques du solaris est son arôme tropical. Cet arôme était moins prononcé dans le solaris du Domaine du Chapitre, au profit d’arômes floraux, d’agrumes et de fruits blancs à noyau. Le solaris de Dalaheim est un vin naturel, dans lequel les arômes tropicaux sont plus marqués (ananas, pomme très mûre…). De légers arômes de levure et des notes végétales étaient également perceptibles au nez, ce qui n’est pas rare avec le solaris. A première vue, il semblait un peu moins corsé que le solaris de Chapitre, mais cela a changé lorsque le vin s’est réchauffé un peu dans le verre.
La révélation de la matinée a été la cuvée Évasion 2021 de Coteaux des Avelines, un assemblage de souvignier gris et de solaris. Un vin très élégant aux arômes floraux, de pamplemousse fraicheur et légèrement épicé. Un vin qui est également bien équilibré en bouche avec une belle rondeur au début, suivie d’une fine acidité en milieu de bouche.
Vin de Liège est sans doute l’un des bastions de la viticulture interspécifique dans notre pays. Le Ô de Craie 2020, un monocépage de johanniter élevé sur l’aine de l’année précédente (= aine affinée), le confirme. Ce traitement ajoute certainement de la complexité. Le johanniter n’a pas beaucoup d’arômes distincts en soi, mais le traitement de la lie crée un vin qui, au nez, a des arômes de pomme verte, de fleurs blanches et une légère minéralité. Au début, le vin a un caractère filandreux, mais en milieu de bouche, une légère amertume lui donne du punch. Il s’agit assurément d’un vin à potentiel gastronomique. Le Contrepoint du Vin de Liège (assemblage de souvignier gris et de solaris) a également répondu aux attentes. Il était intéressant de comparer les millésimes 2016 et 2019. Alors que le 2016 a été vinifié de manière traditionnelle, le 2019 a été fermenté plus longtemps avec de l’écorce, ce qui a fait ressortir les arômes typiques d’un vin d’orange. Au début, le 2019 semblait plutôt réducteur au nez, mais après un roulage intensif, une belle fraicheur avec des arômes de zeste d’orange d’une part et des arômes plus torréfiés de café et de noix d’autre part s’est déployée. Le 2019 est peut-être encore un peu trop jeune pour être bu, mais il présente un beau potentiel de vieillissement grâce à son acidité assez élevée.
Dégustateur en action (c) Peter Doomen
Le vin orange Avant Première 2022 de Terroir TerWaer a subi une macération de 15 jours. Peter Doomen, l’un des dégustateurs, a décrit le vin comme “un voyage autour du monde dans le verre”. Au nez, on trouve du café, de la cannelle, de l’écorce d’orange, du gingembre, de la pomme mûre, de la fleur de sureau, un piquant complexe et des arômes de fermentation distincts. Il était intéressant de déguster ce vin en même temps que l’assemblage Ochre 2020 du domaine Lijsternest (solaris, bronner, sauvignac, rinot et riesel). Ce vin a bénéficié d’une macération pelliculaire plus courte. Dans l’ensemble, il semble être un vin moins complexe, avec une carte aromatique moins évasée, avec un peu plus d’emphase sur les arômes de levure. Comparé au vin du Terroir Terwaer, ce vin avait un peu plus de punch, peut-être en raison de la note de gingembre plus prononcée.
Le Vignoble de Genval a démontré avec Villa Beau-Site Vendanges Tardives Solaris Botrytis 2022 qu’il est possible de produire des vins avec une sucrosité résiduelle à partir de raisins interspécifiques. Il s’agit d’un monocépage de solaris et le vin présente les arômes typiques de rotie d’un vin de botrytis, ainsi qu’une forte note de miel. Grâce à une bonne acidité, le vin ne donne jamais l’impression d’être étouffant. Le Muscaris 2022 de Petrushoeve avec pourriture noble offrait une comparaison intéressante. On retrouve dans ce vin les arômes typiques du muscat, mais aussi des arômes de poire caramélisée. Une fois de plus, la fine acidité apporte un bel équilibre. Les deux vins se marient bien avec des desserts aux fruits ou avec des fromages bleus.
Pour terminer la matinée, trois vins rosés ont également été proposés à la dégustation. Le Rosé 2020 du petit vignoble amateur Reyngaard du Westhoek, élaboré à partir de 100% de Régent, est un rosé un peu atypique qui se concentre moins sur les arômes de fruits et plus sur les saveurs de cannelle, de caramel et de brioche. La Cuvée Jill 2022 du domaine Ten Gaerde est un assemblage de rondo et de cabernet cortis et se situe davantage sur le modèle aromatique de ce que la plupart des gens attendent d’un vin rosé : petits fruits rouges, framboise et fraise au nez et acidité croustillante en bouche. Correctement élaboré, il est agréable à boire sur une terrasse d’été. Le Rosé du Vignoble des Trois Rois est un assemblage de cabernet cortis et de 10% de souvignier gris et de muscaris dans chaque cas. C’était certainement le rosé le plus complexe des trois vins de la table et il est aussi culinairement utile avec, par exemple, un carpaccio de bœuf aux câpres et au vinaigre balsamique. Ce rosé a été décrit par les membres du jury de dégustation comme le vin rosé le plus amusant.
Les trois rosés servis étaient certes correctement élaborés, mais certains membres du jury de dégustation se sont demandé si ce type de rosé ferait suffisamment la différence par rapport aux vins rosés français de qualité classique.
Ceci est la deuxième partie d’une contribution en trois parties sur la Table de dégustation des vins belges issus de cépages interspécifiques.
La version française est créée à l’aide du programme de traduction DeepL. Les lecteurs francophones qui ont des questions ou des suggestions concernant la traduction sont invités à me contacter.
Eén reactie op “Pas de renard dans cette plaine humide. Histoires de la table de dégustation (2/3)”
[…] & Gaard a assisté à la table de dégustation et a rédigé trois articles de blog (1, 2 et 3) à ce sujet. Stefaan Soenen et Marc Roovers ont également fait un rapport sur la table de […]